lundi 21 janvier 2013

Pétrole et Démocratie: Pas un bon mélange???

Je reproduis ici un excellent texte de Richard LeHir paru sur le site de Vigile.net

 

SALETÉ DE PÉTROLE !

De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

Et derrière, l’ombre de l’Oncle Paul

Richard LE HIR
Tribune libre de Vigile
samedi 19 janvier 2013      1557 visites      10 messages


J’ai commencé à m’intéresser au pétrole en classe de Quatrième (dans le système français, l’équivalent de la « Méthode » dans les collèges classiques du Québec) au Collège Stanislas à Montréal. J’avais alors 15 ans, et nous étions en 1962. Cette année-là, le programme de sciences était consacré à la géologie. Pour les fins du cours, chaque élève devait produire une monographie sur un sujet de son choix. Surpris de découvrir toute l’importance du pétrole dans l’activité humaine, j’avais choisi de creuser plus particulièrement ce sujet-là.

J’avais écrit à toutes les compagnies pétrolières pour qu’elles m’envoient du matériel de vulgarisation. Je me souviens que la plus généreuse avait été BP (British Petroleum) qui m’avait fait parvenir un très beau volume (en anglais évidemment à cette époque-là) intitulé « Our Industry ».

À l’époque, les jeux vidéos n’existaient pas, et la lecture occupait une place beaucoup plus importante dans la vie des adolescents. Je m’étais donc précipité avidement sur ce bouquin qui devait bien faire ses 800 pages, et j’avais ingurgité toutes ces informations où il était question de géologie du pétrole, de techniques d’exploration, de forage et d’extraction, de logistique de transport, de raffinage (un processus de distillation), des différents produits chimiques et pétroliers qu’on en tire, et de leurs applications à des fins industrielles ou de consommation courante. Aussi bien renseigné, j’avais obtenu la meilleure note de la classe.

Près de treize ans plus tard, ces connaissances allaient jouer un rôle déterminant dans ma sélection pour un poste en affaires publiques chez Esso. C’est dans ces fonctions que j’allais pouvoir les approfondir, notamment au chapitre de l’économie du pétrole et des stratégies de mise en valeur et d’exploitation.

On se souviendra que la conjoncture était assez particulière à l’époque. Avec la création de l’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, le monde venait d’encaisser son premier choc pétrolier. Pour une bonne compréhension de la situation actuelle, je vous suggère fortement de prendre connaissance du contenu de ce lien.

Le pétrole s’est donc alors retrouvé propulsé, presque du jour au lendemain, au premier rang des préoccupations mondiales. C’est également à ce moment-là qu’ont commencé à surgir les premiers gros questionnements sur le rôle et l’influence des enjeux pétroliers dans la politique mondiale.

Il y avait bien eu le renversement du gouvernement Mossadegh en Iran en 1953, orchestré par la CIA et le MI6 pour le compte des intérêts pétroliers américains et américains, mais l’inexistence à l’époque de réseaux d’information aussi bien développés que ceux que nous avons aujourd’hui avait ralenti la propagation de la nouvelle et empêché le monde de prendre la juste et pleine mesure des évènements avant plusieurs années plus tard.

Au début des années 1970, l’information circule déjà beaucoup mieux, et se mettent à apparaitre des films ou des livres qui abordent ouvertement la possibilité de manœuvres politiques douteuses dans l’industrie pétrolière.

À peine arrivé chez Esso depuis quelques mois, je découvre que le cinéma de la Place Ville-Marie où sont logés nos bureaux présente un film du grand réalisateur italien Francesco Rosi, « L’affaire Mattei » qui relate l’enquête tenue sur les circonstances mystérieuses de la mort d’Enrico Mattei, le président de la puissante société pétrolière d’État mise sur pied par le gouvernement italien après la guerre.

Voici ce qu’en dit Wikipédia :

« Enrico Mattei (29 avril 1906 - 27 octobre 1962) était un industriel italien dans le domaine du pétrole. Après la Seconde Guerre mondiale, Mattei a été chargé de démanteler l’Agip, l’agence pétrolière de l’État établie par le régime fasciste. Mais au lieu de cela, il l’a développée et réorganisée en un trust national, l’Ente Nazionale dei Idrocarburi (ENI).

Sous sa direction, l’ENI a négocié d’importantes concessions pétrolières au Moyen-Orient, ainsi que des accords commerciaux de grande portée avec l’Union soviétique, qui ont permis de briser l’oligopole des « Sept Sœurs » qui dominait l’industrie pétrolière au milieu du 20e siècle. Il a aussi introduit le principe selon lequel le pays où se situe l’exploitation pétrolière perçoit 75 % des profits.

Mattei, qui est devenu une personnalité puissante en Italie, était un démocrate-chrétien de l’aile gauche et a été député de 1948 à 1953. Il a fait d’ENI une compagnie puissante, au point que les Italiens l’ont qualifié d’« État dans l’État ». Il est mort dans un accident d’avion mystérieux en 1962, vraisemblablement causé par une bombe embarquée. Cette affaire non résolue a été une obsession en Italie pendant des années et a été le sujet du film « L’Affaire Mattei » de Francesco Rosi en 1972. »

Cette mort mystérieuse tourmente encore tellement les Italiens que le film de Rosi repasse régulièrement à la télévision nationale. Tout récemment, il a été affiché en version intégrale sur YouTube.

Si vous avez l’oreille faite aux langues étrangères, je vous conseille de le visionner en entier. C’est une histoire fascinante. Mattéi dérangeait tellement les Américains que le Time Magazine avait écrit de lui en 1962 qu’il était « l’homme le plus puissant en Italie depuis l’empereur Auguste ».

Vous aurez remarqué que Mattei a baptisé les grandes multinationales du pétrole « Les sept soeurs » (en italien, Le Sette Sorelle). L’image est tellement forte qu’elle est leur est immédiatement accolée dans le monde entier. Même si elles sont des concurrentes, elles ont toutes le même intérêt, et donc à peu près le même modus operandi, à quelques différences culturelles (au sens de culture d’entreprise) près.

C’est donc dans cette foulée que paraît en 1975 « The Seven Sisters », le livre du journaliste et essayiste britannique Anthony Sampson qui connaitra un très grand succès mondial ». Paru en français sous le titre « Les Sept Soeurs », voici le descriptif qu’on découvrait sur la jaquette arrière d’une édition parue au Québec :

« Défiant les lois de leur propre pays, soudoyant les gouvernants étrangers et les renversant au besoin, alternant de façon diabolique le charme et la ruse, les grandes compagnies pétrolières ont véritablement remodelé la face du monde dans lequel nous vivons.

Prix international de la presse 1976.

Après son anatomie désormais classique d’une grande multinationale (« I.T.T., l’État souverain »), Anthony Sampson pénètre, dans une synthèse magistrale et passionnante, l’univers secret des sociétés pétrolières et des conséquences géopolitiques de leurs opérations.

L’auteur retrace d’abord l’épopée fantastique des premiers chercheurs de pétrole de la Pennsylvanie, riches un jour, ruinés le lendemain, et la constitution du gigantesque monopole de John D. Rockefeller I, qui introduisit la piraterie dans le monde du big business. Il analyse finalement les formidables puissances que représentent les sociétés pétrolières et notamment « Les Sept Soeurs » : Exxon, Shell, Texaco, Mobil, B.P., Socal et Gulf.

Anthony Sampson, qui a rencontré tous les grands patrons du pétrole et les nouveaux riches de l’OPEP, trace des portraits hauts en couleur de ces personnalités puissantes et fait revivre l’atmosphère dramatique des réunions où furent prises ces dernières années des décisions qui ont bouleversé le monde.

Personnalité marquante du journalisme britannique, l’auteur est collaborateur régulier de l’Observer de Londres et du magazine « Vision ». Il a déjà publié huit ouvrages dont « I.T.T., l’État souverain » (Alain Moreau-Éditions Québec/Amérique). »

Et voici un bref extrait de la critique parue dans Le Monde diplomatique en 1976.

« Il ne subsiste aujourd’hui à peu près rien de la première station de forage montée en 1859 à Titusville, en Pennsylvanie. C’est pourtant là qu’est née l’aventure du pétrole, dont la répercussion sur l’économie mondiale devait être presque aussi importante que celle de l’électricité.

L’ouvrage d’Anthony Sampson, Les Sept Sœurs, va plus loin que son titre ne le laisserait croire. Il ne décrit pas seulement la naissance et la croissance des sept plus grandes sociétés pétrolières du monde, mais aussi la formation de l’Amérique moderne, la constitution de méga-fortunes, celles de Rockefeller ou de Gulbenkian, la lente évolution des mentalités qui président aux rapports entre le monde surdéveloppé consommateur et le tiers-monde producteur, etc.

Ces quelque cinq cents pages constituent une remarquable enquête, au fil de laquelle l’auteur égrène posément les périties et les arguments.

La réalité qui recouvre les activités des « Sept Sœurs » est à l’image de leur flotte pétrolière, « entreprise dépourvue de centre ou de base géographique, dont le cœur navigue en haute mer entre une source intermittente d’approvisionnement et une destination sujette à changement enfin, pour couronner le tout, n’ayant d’allégeance envers aucun pays particulier ».

À partir de 1975, l’action des pétrolières devient beaucoup plus transparente. Non pas par choix, mais parce qu’elles sont désormais dans la mire des médias qui les suivent à la trace, d’abord sur fond de crise mondiale, puis notamment sur les enjeux environnementaux.

Depuis quelques années, alors qu’on s’interroge sur la possibilité que les réserves pétrolières mondiales soient en train de s’épuiser face à l’accélération de la demande dans les économies émergentes et à l’épuisement des réserves de pétrole conventionnelle, de nouveaux enjeux géostratégiques refont surface. Qui a du pétrole ? En quelles quantités ? À quel prix ?

Ce dernier point est particulièrement important. Ce n’est pas tout d’en avoir, encore faut-il que son prix de revient lui permette d’être concurrentiel sur le marché mondial. Ainsi, le prix de revient du pétrole extrait des sables bitumineux est très élevé (entre 65 et 75 $ le baril). Lorsque le cours mondial dépasse les 100 $ le baril, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour le pétrole albertain.

Mais lorsque le cours mondial du brut de référence en Amérique du Nord (le West Texas Intermediate ou WTI) baisse en dessous des 100 $ comme c’est le cas en ce moment (95,25 $ en ce 19 janvier 2013 et que se profile à l’horizon une nouvelle récession mondiale et une autosuffisance américaine en pétrole à compter de 2017 en raison des découvertes récentes dans le Bakken Field qui chevauche le Dakota du Nord et le Montana, avec un prix de revient nettement plus bas que celui des sables bitumineux de l’Alberta, la question de l’avenir de ces derniers se met à se poser. Va-t-il pouvoir trouver preneur ?

La question se pose avec d’autant plus d’acuité que l’acheteur applique parfois un escompte sur le prix de vente qui fluctue avec les conditions du marché et les caractéristiques du pétrole qu’il achète. Ainsi, le pétrole des sables bitumineux a une forte teneur en soufre qui va en compliquer le raffinage. En ce moment, les Américains l’achètent à escompte de 40 % sur le cours du WTI.

La problématique est différente pour chaque pays. La France n’a pas de pétrole et doit donc l’importer. C’est pour réduire la part du pétrole dans son bilan énergétique et dans ses équilibres d’échanges commerciaux qu’elle a développé une filière atomique très importante. Ce faisant, elle s’est créée une autre vulnérabilité avec l’uranium qu’elle importe à des conditions très avantageuses du Niger, une de ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest.

Les troubles politiques qui agitent présentement cette partie du monde constituent une menace directe à la sécurité de ses approvisionnements. Qui plus est, Total, sa pétrolière nationale, vient tout juste de découvrir un important gisement de pétrole au Mali. En effet, le site français Boursorama affichait ces jours derniers la dépêche suivante : « Découverte pétrole bassin Taoudéni-Mali 11/01/2013 à 21:08 janvier 2012 - Total : résultats prometteurs de forages dans le bassin Taoudéni, Mali ».

Cette information faisait suite à une autre parue l’an dernier presque jour pour jour :

« Simple hasard ? Alors que la région du Sahel est soumise à des troubles de plus en plus violents, l’actualité nous rappelle que la région est riche en pétrole.

Le géant pétrolier français Total vient en effet d’annoncer avoir signé deux permis d’exploration avec les autorités mauritaniennes dans le très prometteur bassin de Taoudéni.

Le groupe a ainsi acquis, en tant qu’opérateur, une participation de 90% dans les blocs C 9 en mer très profonde et Ta 29 à terre dans le bassin de Taoudéni. La compagnie nationale mauritanienne SMH détiendra les 10% restants.

Le bloc C 9, situé à environ 140 kilomètres à l’ouest des côtes mauritaniennes, s’étend sur plus de 10.000 km (!…), par des profondeurs d’eau comprises entre 2.500 et 3.000 mètres. Le bloc Ta 29 est situé dans le désert du Sahara à 1.000 kilomètres à l’est de Nouakchott, au nord du bloc Ta 7 sur lequel Total mène déjà des activités d’exploration.

En février 2011, la presse algérienne indiquait que le groupe français Total et le groupe énergétique national algérien Sonatrach avaient dans leurs besaces plusieurs projets au Sahel. L’essentiel semblant être pour les deux groupes de « rafler » le plus de projets possibles, au Mali et au Niger.

Les récentes découvertes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni, large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquent en effet désormais un vif intérêt pour cette région.

Jean-François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total a ainsi fait état d’immenses découvertes gazières dans le secteur, freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie et le conduisant même à parler « d’un nouvel Eldorado ».

A travers sa filiale internationale Sipex, Sonatrach a par ailleurs obtenu l’approbation du ministère des Mines nigérien pour procéder à des forages expérimentaux.

Pour rappel, la Sipex est présente au Niger depuis 2005, plus précisément au périmètre de Kafra, situé à la frontière algéro-nigérienne.

Fin 2009, Sipex a obtenu une prolongation d’un an de la première période d’exploration, arguant d’une situation politique difficile dans le pays.

Au Mali, la filiale de Sonatrach présente depuis 2007, a acquis une prolongation de deux ans, émanant du ministère malien des Mines, pour la première phase d’exploration qui prendra fin en 2013.

Simple coïncidence ?

À trois mois de l’élection présidentielle au Mali, le gouvernement, déjà confronté aux enlèvements d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et à la menace d’une crise alimentaire, doit désormais faire face à une nouvelle rébellion touareg.

Ainsi, l’armée malienne a repris dans la nuit de jeudi à vendredi le contrôle des trois villes du nord-est du Mali attaquées mardi et mercredi par des rebelles.

« L’armée malienne a repris le contrôle des villes de Ménaka, de Tessalit et d’Aguelhok. Des renforts sont venus sur place », a déclaré une source militaire régionale.

Dans ces deux dernières villes, les combats ont fait 47 morts – 45 rebelles et deux soldats – selon le ministère malien de la Défense. Les rebelles touareg auraient été vus se dirigeant vers le nord-ouest du Mali.

Ces attaques sont les premières de ce type depuis un accord ayant mis fin à la rébellion mais également depuis le retour de Libye de centaines d’hommes armés ayant combattu aux côtés des forces du leader libyen Mouammar Kadhafi.

Plus globalement, l’instabilité provoquée par les activités d’Aqmi dans le nord du Mali, lieu d’implantations de plusieurs de ses bases, a été renforcée par le retour sur le territoire libyen de plusieurs centaines de ces rebelles.

Elisabeth STUDER – www.leblogfinance.com - 21 janvier 2012 »

Total, ce n’est pas que la France. C’est aussi Paul Desmarais et l’Empire Power. Et, « comme par hasard », le Canada participe à l’intervention française au Mali. Pour lutter contre le Djihad islamique et le risque terroriste, nous dit-on...

En Libye, il fallait, disait-on, débarrasser le pays d’un tyran sanguinaire. On a appris depuis que le tyran en question avait donné 400 millions d’euros à Sarkozy,

et qu’il était devenu pour ce même Sarkozy, l’ami de Paul Desmarais, un témoin gênant.

Au lendemain du renversement de Kaddhafi, Total se réjouissait de pouvoir reprendre rapidement ses activités en Libye, pour se faire dire quelques mois plus tard que les soupçons de corruption qui pesaient contre elle risquaient de la disqualifier pour l’obtention de nouveaux permis.

Pour les dessous pétroliers de l’opération de l’Otan contre la Lybie, voir cet article paru sur le site Russia Today intitulé« Libya : So it was all about oil after all ! ».

Total a donc dû jeter son dévolu sur d’autres régions, et c’est ainsi qu’elle a accéléré ses programmes d’exploration au Mali. « Comme par hasard », elle annonce une découverte importante juste au moment de l’annonce de l’intervention française dans ce pays. Si ce n’est pas « arrangé avec le gars des vues »*...

* Expression québécoise qui signifie « du cinéma »


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Vos commentaires:

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par oscar fortin

    Merci, M. Le HIR, pour votre présentation, fort éclairante de l’histoire du développement de l’énergie pétrolière et de ceux qui en sont devenus les grands maitres. Elle apporte de l’eau au moulin à ceux qui croient que les guerres, menées par nos sociétés "civilisées", ne sont que des opérations de conquête et de contrôle de ces richesses pétrolières et minières.

    La charité de ces "sociétés civilisées, représente un pourcentage bien faible par rapport à la valeur des richesses qu’elles leur soutire. Elle est loin de compenser, ne serait-ce que minimalement, les dommages collatéraux de ces exploitations.

    Non seulement nous nous donnons bonne conscience de voler littéralement ces peuples, mais nous présentons nos interventions guerrières comme des actions hautement humanitaires au service de ces peuples.

    L’hypocrisie et le mensonge à leur état pur.

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par Mario Goyette

    Messieurs, vous ne pouvez pas vous battre ici ! Vous êtes dans le PC de Guerre. (Docteur Folamour)

    Un fait divers qui pourrait faire boule de neige si à chaque fois que le matamore Ministre des affaires étrangères John Baird s’en prend aux ennemis d’Israël se fait remettre à sa place par les délégués de différentes nations sur le choix des québécois de se séparer du Canada.

    Les Iraniens répliquent au Canada en évoquant la souveraineté du Québec. 22 oct. 2012
    QUÉBEC - Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a joué le matamore en attaquant durement l’Iran dans une assemblée internationale de parlementaires dans la Vieille-Capitale, lundi, et les Iraniens ont répliqué en évoquant la souveraineté du Québec.

    Pour dénoncer l’attaque frontale du ministre, Iraj Nadimi a demandé si le Canada accepterait, lui, que l’Iran parle en faveur de la souveraineté du Québec.

    http://quebec.huffingtonpost.ca/201...

  • La géopolitique du pétrole

    20 janvier 2013, par Pierre Bellefeuille

    Voici un lien très intéressant :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Géopol...

    Cet article montre comment quelques intervenants se sont partagé l’exploitation pétrolière au cours du dernier siècle.

    Nous aurions tout intérêt à développer les énergies alternatives, car le pétrole est une ressource très précieuse entant dans la fabrication de plus de 70 000 produits dérivés : processeurs d’ordinateur, produits pharmaceutiques, polymères de toutes sortes, etc. On ne s’abusera pas ici en affirmant que les modes de vies dans les pays industrialisés sont immensément dépendants du pétrole, on pourrait parle « pétrole-junkies ». Notre dépendance est si grande qu’une crise majeure en approvisionnement du pétrole provoquerait une crise économique mondiale sans précédent.

    Personne ne remettra en question l’importance vitale de cette ressource.

    Hélas ! La manière dont on s’y prend pour exploiter la ressource vient heurter nos valeurs humanistes, car les grands exploitants au sein complexe militaro-industriel composé de la haute finance spéculative, du pétrole, du militaire, du charbon et du pharmaceutique, se donnent tous les droits : tuer, affamer, etc.

    Le pétrole participe sans aucun doute à notre confort, mais ce confort repose sur le sang de millions de victimes. Au niveau de l’exploitation pétrolière, la paix, ce n’est pas pour demain. J’aimerais tellement qu’il en soit tout autrement.

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par Gilles Verrier

    @ R. LeHir :
    « Au lendemain du renversement de Kaddhafi, Total se réjouissait de pouvoir reprendre rapidement ses activités en Libye, pour se faire dire quelques mois plus tard que les soupçons de corruption qui pesaient contre elle risquaient de la disqualifier pour l’obtention de nouveaux permis. »

    Ceci démontre qu’il y a toujours des incertitudes sur les résultats. Et l’on voit ici que les intérêts français, en dépit du zèle du gouvernement Sarkhozy et de ses forces armées, ne retirent pas nécessairement les bénéfices escomptés. N’en va-t-il pas même de SNC Lavallin qui détenait en Libye des contrats intéressants ? La guerre en Libye a rebrassé les cartes, les perdants sont sans doute la Chine (probablement exclue pour des raisons stratégiques et qui perd tout ?) mais aussi d’autres dans le camp des « vainqueurs » comme Total et SNC Lavalin. Mais comme cette dernière compagnie jouit de volumineux contrats à long terme pour l’entretien du parc immobilier du gouvernement fédéral, elle n’a aucun intérêt à sortir en public sur la question.

    Pour plier bagage discrètement, on aura peut-être promis à Total une certaine exclusivité (partage des marchés) pour l’exploitation des nouveaux gisements au Mali-Maurétanie.

    On peut voir en tout cas que tout n’est pas plié d’avance et que derrière des calculs intéressés subsiste une dose d’aventurisme et de subjectivité sous forme de comptes personnels à régler (Kadhafi-Sarko, p.ex.). S’il ne fait pas de doute que l’intérêt des exploiteurs se conjugue au sein du bloc-américano-occidentaliste (BAO) pour contrôler les sources de matières premières, la rivalité interne parmi les membres du BAO demeure très vive. L’arbitrage final se fait par les Américains (Wall Street, The City) qui ne sont jamais loin derrière. Pour les joueurs de second rang, l’allégeance sans faille au système ne rapporte pas toujours des dividendes.

    Vous n’en faites pas explicitement état mais l’on peut aussi voir à la lecture de votre article l’interpénétration des pouvoirs financiers-bancaires-industriels avec le pouvoir politique-militaire et le pouvoir médiatique. Ce maillage se matérialise au sein de groupes discrets de délibérations informelles, tels que Bilderberg, etc. (v. votre article précédent). Ceci fait craindre à juste titre la dictature mondiale à travers la fusion semi-clandestine de tous les pouvoirs au-dessus des États nationaux. Et au-delà, la manipulation et le verrouillage des organismes internationaux (ONU, CPI, etc.) au profit des mêmes.

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par Jean-Pierre Bélisle

    Richard Le Hir,

    J’aime bien ton style de genre narratif. Il est unique.

    Je me souviens très bien de cette extraordinaire et marquante année de géologie.

    Cette année-là, nous avions tous, d’ailleurs, écrit aux compagnies pétrolières et le matériel de vulgarisation qu’elles nous firent parvenir était d’une qualité qui surpassait (en ce qui me concerne) celle des recueils de Lagarde et Michard.

    En lisant les premiers paragraphes de ton texte, j’ai de suite revu très clairement jusqu’aux couleurs caractéristiques des planches envoyées par BP ainsi que celles, je crois bien, d’Esso. Le terme : « Craquage catalytique » entrait pour la première fois dans mon vocabulaire.

    Bref, à une époque relativement drable, des « cadeaux de grande valeur » qui nous tombaient du ciel et faisaient de nous des admirateurs des pétrolières. Du moins, effectivement, jusqu’à la lecture du livre « Les sept Sœurs ».

    Mais la géopolitique du « sale pétrole », comme tu dis, évolue à grande vitesse.

    Les Russes et les Chinois sont maintenant de la partie. Ils ont leurs propres « super Oncle Paul », privés ou d’État, et se préparent à agir ou agissent déjà –dans leurs sphères d’influence respectives- de la même manière que les « Sept Sœurs ».

    Si nous portons particulièrement attention à l’Hyperpuissance américaine et ses sous-traitants, c’est pour la bonne raison qu’il s’agit de « Notre Monde », incluant celui des anciens empires coloniaux européens. Il faut donc nous garder de n’utiliser que la grille d’analyse Russe ou Chinoise des événements en cours.

    En regard de la géopolitique des pipelines et des routes maritimes, ces deux grandes puissances visent les mêmes objectifs que l’Empire : elles ne sont pas intrinsèquement des anges de Paix.

    On en revient finalement toujours à « l’espace vital ».

    Le prochain conflit ? La Chine et le Japon. Le prochain grand conflit ? – Le Pacifique.

    JPB

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par Roberto

    À M. Jean-Pierre Bélisle

    Très cher, dans votre intervention que vous venez de poster ci-dessus, le paragraphe suivant a particulièrement attiré mon attention :

    "Les Russes et les Chinois sont maintenant de la partie. Ils ont leurs propres « super Oncle Paul », privés ou d’État, et se préparent à agir ou agissent déjà –dans leurs sphères d’influence respectives- de la même manière que les « Sept Sœurs »".

    Ce passage me rappelle une stratégie utilisée bien à dessein par l’oligarchie et ses démembrements(ou suppots) qui trouvent tous les sunterfuges pour justifier les méfaits de cette pègre. Ils avancent très souvent ceci pour se dédouaner : "En tout cas si nous ne l’avions pas fait, quelqu’un d’autre que nous l’aurait fait".

    Mais ce qui m’attriste dans votre raisonnement, c’est ce raccoursi que vous prenez pour acabler ces pays que sont La chine et la Russie. À ma connaissance, la chine n’est allée nulle part faire la guerre à un peuple souverain pour s’accaparer de leur ressource. Il ne me semble pas jusqu’à présent que la chine soit déjà allée dans un pays quelconque de cette planète pour faire tomber un régime afin de le remplacer par des personnages qui lui sont soumis. Mais l’histoire est remplie de tels exemples opérés par la grande confrèrie des impérialistes occidentaux.

    Vous dites bien "...Ils ont leurs propres « super Oncle Paul », privés ou d’État, et se préparent à agir ou agissent déjà...". Au lieu de renseigner, vous vous laancez plutôt dans des affirmations gratuites et des calomnies de bas niveau. Ce genre de discours s’apparente à la propagande que nous lisons très souvent dans les médias à pensée unique. Cher monsieur, ce n’est point le fait qu’un pays investissent dans le secteur d’exploitation minier qui fait de lui un criminel. Je ne pense pas que l’article de M. Le Hir se voulait d’accabler les pays pointés du doigt juste parce que ces derniers ont des entreprises pétrolières, mais plutôt par leur comportement criminel qui consiste à aller chez des voisins proches ou lointains créer des foyers de destabilisation juste afin de piller le sous-sol. L’irak et l’Afganistan et très récemment la Libye en sont des exemples très édifiant.

    Pour le reste, votre intervention est dangereuse en ce sens qu’elle seme le doute dans la tête de nombreux lecteurs quant à la sincérité des dirigeants russes et chinois dans leur relation avec les autres dirigeants des pays du monde. Certes leur pays investit dans le domaine d’exploitation minier et ça ce n’est pas un crime. Alors accordons leur le bénéfice du doute en attendant d’avoir les preuves tangibles de ce qu’ils se comportent exactement comme les prédateurs impérialiste d’hier.

  • À propos de l’Iran et de l’Italie

    20 janvier 2013, par P. Paradis

    Pour ajouter un complément d’information au sujet de l’Iran :

    « The real Iranian hostage story from the files of Fara Mansoor » : http://dmc.members.sonic.net/sentin...

    Dans ce texte de 1995, on apprend que le Shah était atteint du cancer, et que le « retour triomphal » de l’Ayatollah Khomeini aurait été préparé de toutes pièces par le clan Bush (opposé à Jimmy Carter, et près des intérêts pétroliers) pour éviter que le pays ne bascule dans le camp communiste. Une pierre, deux coups, puisque la crise des otages a permis de discréditer Carter. Bush est devenu vice-président sous Reagan... et on connaît la suite.

    En ce qui concerne l’Italie, on pourrait dresser un parallèle entre Mattei et Berlusconi, qui a dû plier devant un ennemi plus fort que lui (Sarkozy), mais a la vie sauve et peut maintenant régler ses comptes avec l’ex-président français :

    « Pour Berlusconi, Sarkozy a lancé la guerre en Libye contre Kadhafi pour le pétrole » : http://www.youtube.com/watch?v=h14s...

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    20 janvier 2013, par JCPomerleau

    Le pétrole est en effet un puissant déterminant de la politique à l’échelle de la planète. Mais quand est il du Canada ? Et quelle incidence sur la souveraineté du Québec.

    L’Alberta possède une réserve de 170 milliards de barils de pétrole bitumineux enclavée, qu’elle doit céder à forte escompte parce que les capacités des oléoducs sont limités et ne donne pas accès aux marchés lucratifs. D’où le besoin impératif d’en ajouter à l’Ouest et à l’Est puisque les États Unis, (qui absorbe 99 % de la production) se dirige vers l’indépendance énergétique (obtenu par fracturation).

    La Colombie Britannique pose des conditions telles pour le passage du nouvel oléoduc que sa réalisation devient improbable. Soudainement le corridor Est (Québec) prend une importance hautement stratégique. Ce qui place le Québec dans une position (rapport de force favorable) laissant entrevoir clairment la possibilité de faire un gain politique majeur (cela dépendra de comment on jouera nos cartes).

    Ce thème fut l’objet de ma présentation à la SSJB le 13 décembre dernier :

    Géopolitique de l’énergie et souveraineté

    Oléoduc : le Québec a-t-il le gros bout du tuyau ?

    ( Pour des raisons de santé, le montage du vidéo n’a pas été fait avant d’être mis en ligne. Cependant j’ai bien l’intention de publier mes notes structurées bientôt.).

    Le déterminant politique qu’est le pétrole a mené à une profonde métamorphose du Canada, en fait une dislocation de la fédération. Quand même étonnant que si peu de souverainistes se posent la question de l’incidence que cela peut avoir sur l’avancement de la cause.

    JCPomerleau

  • De l’Iran en 1954 au Mali en 2012, soixante ans de tourmente mondiale

    21 janvier 2013, par oscar fortin

    Je me permets d’ajouter cette intervention toute récente de Michel Collon sur la guerre au Mali et les guerres en Afrique.
    http://www.michelcollon.info/Michel...

  • Surproduction mondiale de pétrole et de gaz....

    21 janvier 2013, par Claude Dion

    Je suis d’opinion qu’il y a, qu’il y a toujours eu, une surproduction mondiale de pétrole. Du moins une surcapacité de production.

    Les 7 sœurs, et autres, ont toujours eu comme objectif de restreindre l’offre et de maintenir les prix. La surabondance
    du produit n’était pas souhaitable pour le système capitaliste ; la rareté artificielle d’un produit lui convient mieux. Les 7 sœurs et la CIA ont donc eu des intérêts convergents....pour maintenir cette rareté artificielle et contrôler l’offre.

    Idem pour le cartel OPEP. Le cartel OPEP est un
    cartel légal.....qui a simplement remplacé le cartel des 7 sœurs.

    Concernant les guerres du moyen-orient, d’Afrique et d’ailleurs : la plupart ont
    pour but de restreindre ou contrôler l’offre ; c’est mon opinion.

    M. Le Hir, votre article est époustouflant....comme d’habitude. Je crois, en effet, que les prix du pétrole se stabiliseront ou baisseront .....un peu comme cela s’est produit avec le prix du gaz naturel.

    Les Russes, eux, développent leurs propres stratégies ; des puits extrêmement profonds sur terre. Avec succès !
    Vous devriez, M. Le Hir, vous intéresser a l’hypothèse du PÉTROLE ABIOTIQUE. Une théorie d’origine russe.

    Cette surabondance de pétrole causera-t-elle une désinflation mondiale ? C’est l’hypothèse de certains économistes. Personnellement, je n’y crois pas.

    Je suis toujours en ligne avec le demande et la prédiction de W. Buffet ; une inflation de 6 % PAR ANNÉE pendant 10 ou 15 ans.

vendredi 27 juillet 2012

Quand le PLQ de Jean Charest détruit l’image internationale du Québec (loi 78)

Je reproduis ici un excellent papi-el publié hier sur le quotidien Belge Le Soir.

Beauthier crie haro sur une loi québécoise

Rédaction en ligne

jeudi 26 juillet 2012, 20:41

L'avocat bruxellois Georges-Henri Beauthier et deux confrères européens ont décidé de mettre au pilori la nouvelle loi québécoise qui encadre le droit de manifester. Ils soumettent à signature une pétition intitulée « Une loi d'exception « .

Beauthier crie haro sur une loi québécoise

©Reuters

« Le Québec n'est pas vraiment au bord de la faillite. Il n'a pas subi de dégradation économique et financière marquante. Il est cependant, au travers d'une loi d'exception, un exemple du danger que courent nos libertés », écrivent dans une lettre de pétition Georges-Henri Beauthier, William Bourdon et Juan Garces, respectivement avocat à Bruxelles, Paris et Madrid.

Ils dénoncent une disposition d'un projet de loi québécois (« loi 78 »), obligeant les groupes de manifestants de plus de 50 personnes à communiquer aux policiers l'itinéraire de leur marche. Cet itinéraire doit être transmis au minimum huit heures avant le début de toute revendication dans la rue, sous peine de lourdes amendes.

Maîtres Beauthier, Bourdon et Garces, qui espèrent à travers cette pétition, attirer l'attention de la communauté internationale sur la situation des droits humains au Québec, critiquent par ailleurs le fait que les associations étudiantes seront désormais tenues responsables des « fautes commises par des tiers dans le cadre de manifestations organisées par lesdites associations « .

La hausse des frais de scolarité

Rappelons qu'au Québec la crise entourant l'adoption de la loi 78 est née du débat passionné sur l'augmentation de 75 % sur cinq ans des droits de scolarité à l'université. Le gouvernement estime que le réseau universitaire québécois est sous-financé, et que seule une contribution plus importante des étudiants peut pallier ce problème.

La décision du gouvernement a ensuite donné lieu à une contestation étudiante d'une ampleur inédite au Canada tout au long de l'hiver et du printemps. C'est entre autres pour forcer le retour dans les auditoires des étudiants en grève, et réorganiser le calendrier scolaire des facultés ayant débrayé trop longtemps, que le gouvernement provincial a adopté la loi 78.

Depuis le début de la crise il y a cela plus de 100 jours, le gouvernement du Québec est toutefois revenu sur sa proposition initiale. Il suggère maintenant d'améliorer davantage le programme de prêts et bourses, et d'étaler la hausse des frais académiques sur sept ans plutôt que cinq ans. Il n'empêche, qu'au final, la facture des étudiants augmentera de 82 %. Les associations étudiantes continuent de plaider pour le gel des frais de scolarité.

La bataille des frais universitaires risque maintenant de gagner le terrain électoral. Les rumeurs d'élections québécoises sont en effet plus fortes que jamais. Selon les scénarios qui circulent, le premier ministre Jean Charest les déclencherait le 1er août prochain en prévision d'un scrutin le 4 septembre. Le gouvernement libéral au pouvoir ne s'en cache pas : la prochaine campagne sera l'occasion pour l'ensemble des Québécois – étudiants comme contribuables – de se prononcer sur la question de l'augmentation des droits de scolarité. Une élection aux allures de référendum…

Pour aller plus loi : La loi 78

L'adoption de la loi 78, en mai dernier, a donné paradoxalement un second souffle au mouvement de protestation étudiant, en cours depuis le 13 février dernier. S'est jointe à cette contestation la voix du Barreau du Québec, qui a dit craindre pour les libertés fondamentales des citoyens. Même l'ONU, par la bouche de sa Haute Commissaire aux droits de l'homme, Navanethem Pillay, a décrié la loi 78 dans un récent discours, affirmant qu'elle « restreigne le droit à la liberté d'association et à l'assemblée pacifique « . La sortie publique de la Haute Commissaire n'a toutefois pas ému les gouvernements de Jean Charest et Stephen Harper, respectivement premier ministre du Québec et du Canada, qui ont dit s'étonner de l'attention portée à la Belle Province par les Nations unies, alors que des régimes dictatoriaux continuent d'engendrer la terreur partout sur la planète.

La polémique n'a de cesse de croître et met en opposition plusieurs instances juridiques. Si la Commission des droits de la personne et de la jeunesse du Québec juge abusives plusieurs dispositions de la loi 78, la Cour supérieure de la province s'est quant à elle prononcée, fin juin, pour son maintien. Un jugement de la Cour d'appel a par ailleurs confirmé lundi dernier le jugement de la Cour supérieure, qui, la première, a rejeté une requête déposée par les associations étudiantes et syndicales exigeant la suspension de certains articles de la loi 78. Les deux instances juridiques sont du même avis : elles estiment qu'un examen plus approfondi de la loi est nécessaire avant de trancher la question. Cette analyse détaillée aura lieu à l'automne. La constitutionnalité de la loi sera alors débattue sous tous ses angles.

Philippe Rodrigues-Rouleau (st.)

No de billet: 153-21-70-72-1

vendredi 13 juillet 2012

Mise à jour sur le Groupe Bilderberg

Je reproduis ici 2 ( 1er et et 2e)  excellents articles publiés sur le site Réseau Voltaire sous le clavier de Thierry Meyssan

(CHANTILLY, USA, 31 MAI AU 3 JUIN 2012)

Liste des participants à la réunion 2012 du Groupe de Bilderberg

 

 

WASHINGTON DC (ÉTATS-UNIS) | 3 JUIN 2012

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L’hôtel Marriot Westfields Washington Dulles, en Chantilly, Virginia Endroit pour la réunion annuel du groupe Bilderberg

Bureau de la session

Nationalité
Prénom et nom
Fonction

France
Henri de Castries
Pdg AXA Group

Royaume-Uni
Vendeline von Bredow
Correspondant économique,The Economist

Royaume-Uni
Adrian D. Wooldridge
Correspondant de politique internationale, The Economist

Participants à la session

Nationalité
Prénom et nom
Fonction

Allemagne
Josef Ackermann
Deutsche Bank AG

Royaume-Uni
Marcus Agius
Président, Barclays plc

Etats-Unis
Fouad Ajami
Chercheur,
The Hoover Institution, Stanford University

Etats-Unis
Keith B. Alexander
Commandant de l’US CyberCommand, directeur de la National Security Agency

International
Joaquín Almunia
Vice-président de la Commission européenne, Commissaire à la concurrence

Etats-Unis
Roger C. Altman
Président, Evercore Partners

Portugal
Luís Amado
Président, Banco Internacional do Funchal (BANIF)

Norvège
Johan H. Andresen
Propriétaire et Pdg, FERD

Finlande
Matti Apunen
Directeur, Finnish Business and Policy Forum EVA

Turquie
Ali Babacan
Vice-Premier ministre chargé des Affaires économiques et financières

Portugal
Francisco Pinto Balsemão
Pdg, Impresa ; Ancien Premier ministre

France
Nicolas Baverez
Associé, Gibson, Dunn & Crutcher LLP

France
Christophe Béchu
Sénateur, Président du Conseil général deMaine-et-Loire

Belgique
S.A.R Prince Philippe de Belgique

Turquie
Enis Berberoğlu
Rédacteur en chef, Hürriyet

Italie
Franco Bernabè
Pdg, Telecom Italia

Royaume-Uni
Nick Boles
Député

Suède
Jonas Bonnier
Pdg, Bonnier AB

Norvège
Svein Richard Brandtzæg
Pdg, Norsk Hydro ASA

Autriche
Oscar Bronner
Directeur de la rédaction, Der Standard Medienwelt

Suède
Gunilla Carlsson
Ministre de la Coopération et du Développement international

Canada
Mark J. Carney
Gouverneur, Bank of Canada

Espagne
Juan Luis Cebrián
Pdg, PRISA ; Président, El País

Autriche
Willibald Cernko
Pdg, UniCredit Bank Austria AG

France
Pierre André de Chalendar
Pdg, Saint-Gobain

Danemark
Jeppe Christiansen
Pdg, Maj Invest

Russie
Anatoly B. Chubais
Pdg, OJSC RussieNANO

Canada
W. Edmund Clark
Pdg, TD Bank Group

Royaume-Uni
Kenneth Clarke
Member of Parliament, Lord Chancelier et secrétaire à la Justice

Etats-Unis
Timothy C. Collins
Pdg, Ripplewood Holdings, LLC

Italie
Fulvio Conti
Pdg, Enel S.p.A.

Etats-Unis
Mitchell E. Daniels, Jr.
Gouverneur de l’Indiana

Etats-Unis
Christopher DeMuth
Chercheur, Hudson Institute

Etats-Unis
Thomas E. Donilon
Conseiller de sécurité nationale

Royaume-Uni
Robert Dudley
Directeur, BP plc

Italie
John Elkann
Président, Fiat S.p.A.

Allemagne
Thomas Enders
Pdg, Airbus

Etats-Unis
J. Michael Evans
Vice-Président, Goldman Sachs & Co.

Autriche
Werner Faymann
Chancelier fédéral

Danemark
Ulrik Federspiel
Vice-Président exécutif, Haldor Topsøe A/S

Etats-Unis
Niall Ferguson
Professeur d’histoire, Université d’Harvard

Royaume-Uni
Douglas J. Flint
Président, HSBC Holdings plc

Chine
Ying Fu
Ministre adjoint des Affaires étrangères

Irlande
Paul Gallagher
Ancien Attorney General

Etats-Unis
Richard A. Gephardt
Pdg, Gephardt Group

Grèce
Anastasios Giannitsis
Ancien ministre de l’Intérieur, professeur d’économie, Université d’Athènes

Etats-Unis
Austan D. Goolsbee
Professeur d’économie, Université de Chicago

Etats-Unis
Donald E. Graham
Pdg, The Washington PostCompany

Italie
Lilli Gruber
Présentatrice du journal télévisé, La 7 TV

International
Karel de Gucht
Commissaire européen au Commerce

Pays-Bas
Victor Halberstadt
Professeur d’économie, Université Leiden, ancien secrétaire honoraire des réunions de Bilderberg

Etats-Unis
Britt Harris
Pdg, Teacher Retirement System of Texas

Etats-Unis
Reid Hoffman
Co-fondateur et président éxécutif, LinkedIn

Chine
Yiping Huang
Professeur d’économie, Université de Beijing

Etats-Unis
Jon M. Huntsman, Jr.
Président, Huntsman Cancer Foundation

Allemagne
Wolfgang Ischinger
Président, Conférence sur la sécurité de Munich ; Chargé des relations avec les gouvernements, Allianz SE

Russie
Igor S. Ivanov
Membre associé, Académie russe des sciences ; président, Conseil russe des Affaires internationales

France
Erik Izraelewicz
Pdg, Le Monde

Etats-Unis
Kenneth M. Jacobs
Pdg, Lazard

Etats-Unis
James A. Johnson
Vice-Président, Perseus, LLC

Etats-Unis
Vernon E. Jordan, Jr.
Directeur, Lazard

Etats-Unis
Alexander Karp
Pdg, Palantir Technologies

Etats-Unis
Alexander Karsner
Président, Manifest Energy, Inc

France
Anousheh Karvar
Secrétaire nationale, CFDT

Russie
Garry Kasparov
Président, Front civil uni

Royaume-Uni
John Kerr of Kinlochard
Membre indépendant, Chambre des Lords

Etats-Unis
John Kerry
Sénateur du Massachusetts

Turquie
E. Fuat Keyman
Professeur de Relations internationales, Université Sabanci

Etats-Unis
Henry A. Kissinger
Président, Kissinger Associates, Inc.

Etats-Unis
Klaus Kleinfeld
Pdg, Alcoa

Turquie
Mustafa Koç
Président, Koç Holding A.Ş.

Allemagne
Roland Koch
Pdg, Bilfinger Berger SE

International
Bassma Kodmani
Membre du Bureau exécutif, Conseil national syrien

Etats-Unis
Henry R. Kravis
Co-Pdg, Kohlberg Kravis Roberts & Co.

Etats-Unis
Marie-Josée Kravis
Chercheuse, Hudson Institute

International
Neelie Kroes
Vice-Présidente de la Commission européenne, Commissaire européenne chargée de la société numérique

Etats-Unis
Fred Krupp
Président, Environmental Defense Fund

International
Pascal Lamy
Directeur général, Organisation mondiale du Commerce

Italie
Enrico Letta
Leader adjoint, Parti démocratique (PD)

Israël
Ariel E. Levite
Associé non-résident,
Carnegie Endowment for International Peace

Etats-Unis
Cheng Li
Directeur de recherche,
Brookings Institution

Etats-Unis
John Lipsky
Professeur invité, Université Johns Hopkins

Etats-Unis
Andrew N. Liveris
Pdg, The Dow Chemical Company

Allemagne
Peter Löscher
Pdg, Siemens AG

Etats-Unis
William J. Lynn
Pdg, DRS Technologies, Inc.

Royaume-Uni
Peter Mandelson
Membre, Chambre des Lords ; Président, Global Counsel

Etats-Unis
Jessica T. Mathews
Président,
Carnegie Endowment for International Peace

Danemark
Jacob Mchangama
Directeur juridique, Center for Political Studies (CEPOS)

Canada
Frank McKenna
Vice-Président, TD Bank Group

Etats-Unis
Kenneth B. Mehlman
Associé, Kohlberg Kravis Roberts & Co.

Royaume-Uni
John Micklethwait
Rédacteur en chef, The Economist

France
Thierry de Montbrial
Président, Institut français des Relations internationales (IFRI)

Portugal
Jorge Moreira da Silva
Premier Vice-Président, Parti social-démocrate (PSD)

Etats-Unis
Craig J. Mundie
Directeur de la stratégie, Microsoft Corporation

Allemagne
Matthias Nass
Chef de la rubrique internationale, Die Zeit

Pays-Bas
S. A. R. la reine des Pays-Bas

Espagne
Juan María Nin Génova
Pdg, Caixabank

Irlande
Michael Noonan
Ministre des Finances

Etats-Unis
Peggy Noonan
Editorialiste, The Wall Street Journal

Finlande
Jorma Ollila
Président,
Royal Dutch Shell, plc

Etats-Unis
Peter R. Orszag
Vice-Président, Citigroup

Grèce
Dimitri Papalexopoulos
Directeur, Titan Cement Co.

Pays-Bas
Alexander Pechtold
Président du groupe parlementaire, Democrats ’66 (D66)

Etats-Unis
Richard N. Perle
Chercheur,
American Enterprise Institute

Pays-Bas
Paul Polman
Pdg, Unilever PLC

Canada
J. Robert S. Prichard
Président, Torys LLP

Israël
Itamar Rabinovich
Professeur, Université de New York

Royaume-Uni
Gideon Rachman
Chef des édiorialites internationaux, The Financial Times

Etats-Unis
Steven Rattner
Président, Willett Advisors LLC

Canada
Alison M. Redford
Premier ministre d’Alberta

Canada
Heather M. Reisman
Pdg, Indigo Books & Music Inc.

Allemagne
Wolfgang Reitzle
Pdg, Linde AG

Etats-Unis
Kenneth S. Rogoff
Professeur d’économie, Université d’Harvard

Etats-Unis
Charlie Rose
Présentateur, CBS

Etats-Unis
Dennis B. Ross
Conseiller, Washington Institute for Near East Policy (AIPAC)

Pologne
Jacek Rostowski
Ministre des Finances

Etats-Unis
Robert E. Rubin
Coprésident,
Conseil des Relations étrangères (CFR), ancien secrétaire au Trésor

Pays-Bas
Mark Rutte
Premier ministre

Espagne
Soraya Sáenz de Santamaría Antón
Vice-président du gouvernement

Pays-Bas
Paul Scheffer
Professeur d’études européennes, Université Tilburg

Etats-Unis
Eric E. Schmidt
Président, Google Inc.

Autriche
Rudolf Scholten
Directeur, Oesterreichische Kontrollbank AG

France
Jean-Dominique Senard
Pdg, Michelin

Etats-Unis
David Shambaugh
Directeur de recherches sur la Chine, Université George Washington

International
Josette Sheeran
Vice-Président, Forum économique mondial de Davos

Finlande
Risto Siilasmaa
Président, Nokia Corporation

Etats-Unis
Jerry I. Speyer
Co-Pdg, Tishman Speyer

Suisse
Pietro Supino
Editeur, Tamedia AG

Irlande
Peter D. Sutherland
Président, Goldman Sachs International

Etats-Unis
Peter A. Thiel
Président, Clarium Capital / Thiel Capital

Turquie
Serpil Timuray
Pdg, Vodafone Turquie

Allemagne
Jürgen Trittin
Président du groupe parlementaire, Alliance 90/Les Verts

Grèce
Loukas Tsoukalis
Président, Hellenic Foundation for European and Foreign Policy

Finlande
Jutta Urpilainen
Ministre des Finances

Suisse
Daniel L. Vasella
Président, Novartis AG

International
Pierre Vimont
secrétaire général exécutif, Service européen pour l’action extérieure

Royaume-Uni
Peter Voser
Pdg,
Royal Dutch Shell plc

Suède
Jacob Wallenberg
Président, Investor AB

Etats-Unis
Kevin Warsh
Chercheur,
The Hoover Institution

Royaume-Uni
Martin H. Wolf
Chef des éditorialistes économiques, The Financial Times

Etats-Unis
James D. Wolfensohn
Pdg, Wolfensohn and Company

Canada
Nigel S. Wright
Chef de cabinet du Premier ministre

Etats-Unis
Daniel Yergin
Président, IHS Cambridge Energy Research Associates

International
Robert B. Zoellick
Président, The World Bank Group

 

2- Ce que vous ignorez sur le Groupe de Bilderberg

par Thierry Meyssan

Depuis plusieurs années, l’idée s’est répandue que le Groupe de Bilderberg serait un embryon de gouvernement mondial. Ayant eu accès aux archives de ce club très secret, Thierry Meyssan montre que cette description est une fausse piste utilisée pour masquer la véritable identité et fonction du Groupe : le Bilderberg est une création de l’OTAN. Il vise à convaincre des leaders et à manipuler l’opinion publique à travers eux pour la faire adhérer aux concepts et aux actions de l’Alliance atlantique.

RÉSEAU VOLTAIRE | MOSCOU (RUSSIE) | 9 AVRIL 2011

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Première réunion du Groupe, à l’hôtel Bilderberg (1954)

Chaque année, depuis 1954, une centaine des plus éminentes personnalités d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord se réunissent —à huis clos et sous très haute protection— au sein du Groupe de Bilderberg. Leur séminaire dure trois jours et rien ne transparait de leurs débats.

Depuis la dislocation de l’Union soviétique, des journalistes se sont intéressés à cette organisation élitiste et secrète. Certains auteurs y ont vu un embryon de gouvernement mondial et lui attribuent les principales décisions politiques, culturelles, économiques et militaires de la seconde moitié du XXe siècle. Une interprétation qu’a relayée Fidel Castro, mais que rien n’est venue confirmer, ni infirmer.

Pour savoir ce qu’est ou n’est pas le Groupe de Bilderberg, j’ai cherché des documents et des témoins. J’ai eu accès à l’intégralité de ses archives pour la période 1954-1966 et à de nombreuses pièces ultérieures, et j’ai pu discuter avec un de ses anciens invités que je connais de très longue date. Aucun journaliste à ce jour, et certainement pas les auteurs à succès qui ont popularisé les clichés actuels, n’a eu accès à tant de documents internes du Bilderberg.

Voici ce que j’ai découvert et compris.

La première réunion

70 personnalités, issues de 12 pays, participent à la première réunion du Groupe. C’est un séminaire de trois jours, du 29 au 31 mai 1954, près d’Arnhem (Pays-Bas). Les invités sont répartis dans deux autres hôtels avoisinants, mais les débats se tiennent dans l’établissement principal qui donna son nom au Groupe.

Les invitations, à en-tête du Palais de Soestdijk, sont sybillines. : « J’apprécierais vivement votre présence au congrès international, sans caractère officiel, qui se tiendra aux Pays-Bas vers la fin du mois de mai. Ce congrès désire étudier un certain nombre de questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale et a pour but de stimuler le goodwill et l’entente réciproque grâce à un libre échange de vues ». Elles sont signées du prince consort des Pays-Bas, Bernhard zur Lippe-Biesterfeld, et accompagnées de quelques pages d’informations administratives sur le transport et l’hébergement. Tout au plus y apprend-on que les délégués seront issus des États-Unis et de 11 États ouest-européens, et que 6 séances de travail de 3 heures chacune sont prévues.

Vu le passé nazi du prince Bernhard (qui avait servi dans la cavalerie SS jusqu’à son mariage en 1937 avec la princesse Juliana) et dans le contexte du McCarthysme, il est clair que les « questions d’une grande importance pour la civilisation occidentale » tournent autour de la lutte contre le communisme.

Une fois arrivé sur place, l’impression des invités est tempérée par les deux présidents de séance : l’entrepreneur états-unien John S. Coleman et le ministre belge sortant des Affaires étrangères Paul van Zeeland. Le premier est un militant du libre-échange, le second est un partisan de la Communauté européenne de Défense (CED) [1]. Enfin, on aperçoit en bout de tribune Joseph Retinger, l’éminence grise des Britanniques. Tout cela laisse à penser que les monarchies hollandaise et britannique ont sponsorisé cette réunion pour soutenir la Communauté européenne de Défense et le modèle économique du capitalisme libre-échangiste face à l’anti-américanisme que promeuvent communistes et gaullistes.

Cependant, les apparences sont trompeuses. Il ne s’agit pas de faire campagne pour la CED, mais de mobiliser les élites pour la Guerre froide.

S.A.R. le prince Bernhard a été choisi pour convoquer ce congrès parce que son statut de prince consort lui donne un caractère étatique sans pour autant être officiel. Il masque le commanditaire : une organisation inter-gouvernementale qui entend manipuler les gouvernements de certains de ses États membres.

John S. Coleman n’est pas encore le président de la Chambre de Commerce des États-Unis, mais il vient de créer le Comité des citoyens pour une politique nationale du Commerce (Citizen’s Committee for a National Trade Policy — CCNTP). Selon lui, le libre-échange absolu, c’est-à-dire le renoncement à tous les droits de douane, permettra aux pays alliés des États-Unis d’accroître leur richesse et de financer la Communauté européenne de Défense (c’est-à-dire de réarmer l’Allemagne et d’intégrer sa puissance militaire potentielle au sein de l’OTAN)

Or, les documents en notre possession montrent que le CCNTP n’a de citoyen que le nom. C’est en réalité une initiative de Charles D. Jackson, le conseiller en guerre psychologique de la Maison-Blanche. L’opération est pilotée en amont par William J. Donovan, l’ancien commandant de l’OSS (le service de renseignement US durant la guerre) désormais chargé d’édifier la branche américaine du nouveau service secret de l’OTAN, le Gladio [2].

Paul van Zeeland n’est pas seulement le promoteur de la Communauté européenne de Défense, c’est aussi un politicien de grande expérience. À la Libération, il a présidé la Ligue indépendante de coopération européenne (LICE) dont l’objectif est de créer une union douanière et monétaire. Cette organisation a été mise en place par Joseph Retinger, déjà cité.

Précisément Retinger, qui fait office de secrétaire du congrès de Bilderberg, a servi durant la guerre dans les services secrets anglais (SOE) du général Colin Gubbins. Aventurier polonais, Retinger s’est retrouvé conseiller du gouvernement Sikorski en exil au Royaume-Uni. À Londres, il a animé le microsome des gouvernements en exil se faisant ainsi le plus beau carnet d’adresse de l’Europe libérée.

Son ami Sir Gubbins a officiellement quitté le service et le SOE a été dissout. Il dirige une petite entreprise de tapis et textiles, qui lui sert de « couverture ». En réalité, aux côtés de son homologue Donovan, il est chargé de créer la branche anglaise du Gladio. Il a participé à toutes les réunions préparatoires du congrès de Bilderberg et est présent parmi les invités, assis à côté de Charles D. Jackson.

À l’insu des participants, ce sont donc les services secrets de l’OTAN qui sont la puissance invitante. Bernhard, Coleman et van Zeeland servent de paravents.

N’en déplaise aux journalistes imaginatifs qui ont cru discerner dans le Bilderberg une volonté de créer un gouvernement occulte mondial, ce club de personnalités influentes n’est qu’un outil de lobbying de l’OTAN pour la promotion de ses intérêts. C’est beaucoup plus sérieux et beaucoup plus dangereux, car c’est l’OTAN qui ambitionne d’être un gouvernement occulte mondial garantissant la pérennité du statu quo international et de l’influence US.

D’ailleurs, la sécurité de chaque réunion ultérieure ne sera pas assurée par la police du pays hôte, mais par les soldats de l’Alliance.

Parmi les dix orateurs inscrits, on relève deux anciens Premiers ministres (Guy Mollet, France et Alcide de Gasperi, Italie), trois responsables du Plan Marshall, le faucon de la Guerre froide (Paul H. Nitze) et surtout un très puissant financier (David Rockefeller).

Selon les documents préparatoires, une vingtaine de participants sont dans la confidence. Ils savent plus ou moins en détail qui sont les tireurs de ficelles et ont rédigé à l’avance leurs interventions. Les moindres détails ont été ajustés et il n’y a aucune part d’improvisation. Au contraire, la cinquantaine d’autres participants ignore tout de ce qui se trame. Ils ont été choisis pour influencer leurs gouvernements respectifs et l’opinion publique de leur pays. Le séminaire est donc organisé pour les convaincre et pour les pousser à s’engager à propager les messages que l’on veut diffuser.

Les interventions ne portent pas sur les grands problèmes internationaux, mais analysent la stratégie idéologique supposée des Soviétiques et exposent la manière dont elle doit être contrée dans le « monde libre ».

Les premières interventions évaluent le danger communiste. Les « communistes conscients » sont des individus qui entendent placer leur patrie au service de l’Union soviétique afin d’imposer au monde un système collectiviste. Ils doivent être combattus. Mais cette lutte est difficile car ces « communistes conscients » sont noyés en Europe dans une masse d’électeurs communistes qui ignorent tout de leurs sombres desseins et les suivent dans l’espoir de meilleures conditions sociales.

Progressivement, la rhétorique se durcit. Le « monde libre » doit affronter le « complot communiste mondial », non seulement de manière générale, mais aussi en répondant à des questions concrètes sur les investissements états-uniens en Europe ou sur la décolonisation.

Enfin, les orateurs en arrivent au problème principal —que les Soviétiques, assurent-ils, exploitent à leur profit— : pour des raisons culturelles et historiques, les responsables politiques du « monde libre » emploient des arguments différents aux États-Unis et en Europe, arguments qui se contredisent parfois. Le cas le plus emblématique est celui des purges organisées par le sénateur McCarthy aux États-Unis. Elles sont indispensables pour sauver la démocratie, mais la méthode choisie est ressentie en Europe comme une forme de totalitarisme.

Le message final, c’est qu’aucune négociation diplomatique, aucun compromis n’est possible avec les « Rouges ». Il faut empêcher coûte que coûte les communistes de jouer un rôle en Europe occidentale, mais il va falloir ruser : comme on ne peut pas les arrêter et les fusiller, il faudra les neutraliser avec discrétion, sans que leurs électeurs eux-mêmes s’en rendent compte. Bref, l’idéologie qui est développée, c’est celle de l’OTAN et du Gladio. Il n’a jamais été dit que l’on truquerait les élections, ni que l’on assassinerait les tièdes, mais tous les participants ont admis que pour sauver le « monde libre », il faudrait mettre la liberté entre parenthèses.

Bien que le projet de Communauté européenne de Défense (CED) ait échoué trois mois plus tard sous les coups de boutoir des députés communistes et « nationalistes extrémistes » (c’est-à-dire gaullistes) au Parlement français, le congrès fut considéré comme un succès. Malgré les apparences, il n’avait pas pour but de soutenir la création de la CED ou toute autre mesure politique précise, mais de diffuser une idéologie dans la classe dirigeante, puis à travers elle dans la société. Objectivement, les Européens de l’Ouest avaient de moins en moins conscience des libertés dont ils étaient privés et ils étaient de plus en plus informés des libertés qui faisaient défaut aux habitants de l’Europe de l’Est.

Le Bilderberg devient une organisation

Un second congrès est donc organisé en France, du 18 au 20 mars 1955. À Barbizon.

Progressivement l’idée que ces congrès seront annuels et qu’ils nécessitent un secrétariat permanent s’impose. Le prince Bernhard se met en retrait lorsqu’il est pris en flagrant délit de trafic d’influence (scandale Lockheed-Martin). Il cède à l’ancien Premier ministre britannique Alec Douglas Home (1977-80), la présidence qui sera ensuite tenue par l’ancien chancelier et président allemand Walter Scheel (1981-85), l’ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre Eric Roll (1986-89), l’ancien secrétaire général de l’OTAN Peter Carrington (1990-98), et enfin l’ancien vice-président de la Commission européenne Étienne Davignon (depuis 1999).

Pendant longtemps, le président du Groupe de Bilderberg est assisté de deux secrétaires généraux, un pour l’Europe et le Canada (les États vassaux), l’autre pour les États-Unis (le suzerain), cependant, il n’y a plus qu’un seul secrétaire général depuis 1999.

D’une année sur l’autre, les débats sont très redondants, c’est pourquoi les invités changent. Il y a toujours un noyau dur qui a préparé le séminaire à l’avance et des nouveaux venus à qui l’on inculque la rhétorique atlantiste du moment.

Actuellement, les séminaires annuels rassemblent plus de 120 participants, dont toujours un tiers forment le noyau dur. Ils ont été sélectionnés par l’Alliance en fonction de l’importance de leurs relations et de leur capacité d’influence, indépendamment de leurs fonctions dans la société. Ainsi, ils restent membres du noyau dur lorsqu’ils changent de métier.

Voici la liste exacte de ce noyau dur, incluant les membres du Conseil d’administration, qui servent de devanture pour les invités, et des membres moins visibles pour ne pas effaroucher les nouveaux venus.

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Étienne Davignon, secrétaire général du Groupe de Bilderberg

Conseil d’administration

Josef Ackermann
Banquier suisse, directeur de la Deutsche Bank, vice-président du Forum de Davos.

Roger C. Altman
Banquier états-unien, ancien conseiller des campagnes électorales de John Kerry et Hillary Clinton, directeur de la banque d’affaire Evercore Partners Inc.

Francisco Pinto Balsemão
Ancien Premier ministre socialiste du Portugal (1981-83), président-fondateur du plus important groupe de télévision portugais SIC. (T)

Fran Bernabè
Banquier italien, actuel patron de Telecom Italia (T)

Henri de Castries
Pdg de l’assureur français AXA

Juan Luis Cebrián
Directeur du groupe de presse écrite et audiovisuel espagnol Prisa.

W. Edmund Clark
Banquier canadien, PDF de Toronto-Dominion Bank Financial Group

Kenneth Clarke
Ancien vice président de British American Tobacco (1998-2007), Garde des sceaux et ministre britannique de la Justice, vice-président du Mouvement européen UK.

George A. David
Pdg de Coca-Cola.

Étienne Davignon
Homme d’affaire belge, ancien vice-président de la Commission européenne (1981-85), actuel vice-président de Suez-Tractebel.

Anders Eldrup
Pdg de la société danoise des gaz et pétrole DONG Energy.

Thomas Enders
Directeur d’Airbus.

Victor Halberstadt
Professeur d’économie à l’université néerlandaise de Leiden, il conseille diverses sociétés telles que Goldman Sachs ou Daimler-Chrysler.

James A. Johnson
Financier états-unien, il fut un des principaux responsables du Parti démocrate et un des artisans de l’investiture de Barack Obama. Il est vice-président de la banque d’affaire Perseus.

John Kerr of Kinlochard
Ancien ambassadeur du Royaume-Uni à Washington, vice-président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell (T)

Klaus Kleinfeld
Pdg allemand du géant états-unien de l’aluminium, Alcoa.

Mustafa V. Koç
Pdg de la holding Koç, première entreprise turque.

Marie-Josée Drouin-Kravis
Éditorialiste économique dans la presse écrite et audiovisuelle canadienne. Chercheuse au très militariste Hudson Institute. Elle est la troisième épouse de Henry Kravis.

Jessica T. Mathews
Ancienne directrice des affaires globales au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis. Actuelle directrice de la Fondation Carnegie.

Thierry de Montbrial
Économiste, directeur-fondateur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) et de la World Policy Conference.

Mario Monti
Économiste italien, ancien commissaire européen à la concurrence (1999-2005), co-fondateur du Spinelli Group pour le fédéralisme européen.

Egil Myklebust
Ancien président du patronat norvégien, directeur de Scandinavian Airlines System (SAS).

Matthias Nass
Directeur adjoint du quotidien allemand Die Zeit

Jorma Ollila
Homme d’affaire finlandais, ancien Pdg de Nokia, actuel président du groupe pétrolier Royal Dutch Shell.

Richard N. Perle
Ancien président du Conseil consultatif de Défense du Pentagone, il est un des principaux leaders des Straussiens (les disciples de Leo Strauss) et à ce titre, une figure majeure du néo-conservatisme.

Heather Reisman
Femme d’affaire canadienne, Pdg du groupe d’édition Indigo-Chapters.

Rudolf Scholten
Ancien ministre autrichien des Finances, gouverneur de la Banque centrale.

Peter D. Sutherland
Ancien commissaire européen irlandais à la concurrence, puis directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce.Ancien directeur de BP. Actuel président de Goldman Sachs International. Ancien président de la section européenne de la Commission trilatérale, et vice-président de l’European Round Table of Industrialists, actuel président d’honneur du Mouvement européen Irlande.

J. Martin Taylor
Ancien député britannique, Pdg du géant de la chimie et de l’agroalimentaire Syngenta.

Peter A. Thiel
Chef d’entreprise états-unien, Pdg de PayPal, président de Clarium Capital Management et à ce titre actionnaire de Facebook.

Daniel L. Vasella
Pdg du groupe pharmaceutique suisse Novartis.

Jacob Wallenberg
Banquier suédois, il est administrateur de nombreuses compagnies transnationales.

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Henry Kissinger, principal responsable des invitations au Groupe de Bilderberg

Membres cachés du noyau dur

Carl Bildt
Ancien Premier ministre libéral de Suède (1991-94), ancien envoyé spécial de l’Union européenne puis de l’ONU dans les Balkans (1995-97, 1999-2001), actuel ministre suédois des Affaires étrangères. (T)

Oscar Bronner
Pdg du quotidien autrichien Der Standard.

Timothy C. Collins
Financier états-unien, directeur du fond de placement Ripplewood. (T)

John Elkann
PDG du groupe italien d’automobile Fiat (son grand-père Gianni Agnelli fut pendant quarante ans un des animateurs du Groupe de Bilderberg. Il a hérité de la fortune familiale après le décès de mort naturelle de son grand-père Giovanni et la mort prématurée de son oncle Edoardo. Cependant, des sources policières sont convaincues que Edoardo a été assassiné après qu’il se soit converti à l’islam chiite, de sorte que la fortune revienne à la branche juive de la famille).

Martin S. Feldstein
Ancien conseiller économique de Ronald Reagan (1982-84), et actuel conseiller économique de Barack Obama. Il a aussi été conseiller de George W. Bush pour le Renseignement extérieur. Il enseigne à Harvard. (T)

Henry A. Kissinger
Ancien conseiller de sécurité nationale des Etats-Unis et secrétaire d’Etat, personnalité centrale du complexe militaro-industriel US, actuel président de la société de conseil Kissinger Associates.

Henry R. Kravis
Financier états-unien gestionnaire du fond de placement KKR. Il est un des principaux collecteurs de fonds du Parti républicain.

Neelie Kroes
Ancienne ministre néerlandaise libérale des Transports, commissaire européenne à la concurrence, et actuelle commissaire à la société numérique.

Bernardino Léon Gross
Diplomate espagnol, secrétaire général de la présidence du gouvernement socialiste de José-Luis Zapatero.

Frank McKenna
Ancien membre de la Commission de surveillance des services de renseignement canadiens, ambassadeur du Canada à Washington (2005-06), vice-président de la Banque Toronto-Dominion.

Beatrix des Pays Bas
Reine de Hollande. Elle est la fille du prince Bernhard.

George Osborne
Ministre britannique des Finances. Ce néo-conservateur est considéré comme un eurosceptique. Il faut comprendre par là qu’il est opposé à la participation du Royaume-Uni à l’Union européenne, mais qu’il est partisan de l’organisation du continent au sein de l’Union.

Robert S. Prichard
Économiste canadien, directeur du groupe de presse écrite et audiovisuelle Torstar.

David Rockefeller
Le patriarche d’une longue lignée de financiers. Il est le plus ancien membre du noyau dur des Bilderbergers. Il est également le président de la Commission Trilatérale, une organisation similaire intégrant des participants asiatiques.

James D. Wolfensohn
Financier australien ayant pris la nationalité états-unienne pour devenir président de la Banque mondiale (1995-2005), aujourd’hui directeur du cabinet conseil Wolfensohn & Co.

Robert B. Zoellick
Diplomate états-unien, ancien délégué au Commerce des États-Unis (2001-05), actuel président de la Banque mondiale.

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David Rockefeller, conseiller du Groupe de Bilderberg

Les Bilderbergers n’engagent pas les entreprises ou institutions dans lesquelles, ils travaillent. Cependant, il est intéressant d’observer la diversité de leurs secteurs d’activité.

Le lobby de la plus puissante organisation militaire mondiale

Au cours des dernières années, le nombre de sujets abordés lors des séminaires annuels a augmenté en fonction de l’actualité internationale. Mais cela ne nous apprend rien, car ces discussions n’ont aucun objet en elles-mêmes, elles sont juste des prétextes pour faire passer des messages. Malheureusement, nous n’avons pas eu accès aux documents préparatoires les plus récents et ne pouvons que supputer sur les mots d’ordre que l’OTAN s’efforce de diffuser via ces leaders d’opinion.

La réputation du Groupe de Bilderberg a conduit certains auteurs à lui attribuer des capacités de nomination. C’est stupide et cela masque les vrais tireurs de ficelles qui se trouvent au sein de l’Alliance atlantique.

Par exemple, on a rapporté que durant la dernière campagne électorale présidentielle aux États-Unis, Barack Obama et Hillary Clinton ont disparu durant une journée, le 6 juin 2008, pour négocier à l’écart la fin de leur rivalité. Ils se sont en réalité rendus au séminaire annuel du Groupe de Bilderberg, à Chantilly (Virginie, USA). Or, le lendemain, Mme Clinton annonçait qu’elle se retirait de la course. Certains auteurs en ont conclu que la décision a été prise au cours de la réunion du Bilderberg. Ce n’est pas logique, dans la mesure où cette décision était certaine depuis trois jours vu le nombre de voix du sénateur Obama au sein du comité d’investiture du Parti démocrate.

Selon notre source, c’est autre chose qui s’est passé. Barack Obama et Hillary Clinton ont conclu à l’écart un accord financier et politique. Le sénateur Obama a renfloué les caisses de sa rivale et lui a offert un poste dans son administration (Mme Clinton a refusé la vice-présidence et a choisi le département d’État) en échange de son soutien actif durant la campagne contre le candidat républicain. Puis, les deux leaders ont été introduits par James A. Johnson au séminaire du Bilderberg où ils ont assuré les participants qu’ils travailleraient ensemble. Depuis longtemps déjà, Barack Obama était le candidat de l’OTAN. M. Obama et sa famille ont toujours travaillé pour la CIA et le Pentagone [3]. De plus, les premiers financements de sa campagne ont été fournis par la Couronne d’Angleterre via l’homme d’affaire Nadhmi Auchi. En présentant le sénateur noir aux Bilderbergers, l’Alliance atlantique organisait à l’échelle internationale les relations publiques du futur président des États-Unis.

De même, on a rapporté que le Groupe de Bilderberg a organisé un dîner impromptu, hors séminaire, le 14 novembre 2009 au Château de Val Duchesse, propriété du roi de Belgique. L’ancien Premier ministre belge Herman von Rompuy y a prononcé un discours. Or, cinq jours plus tard, il fut élu président du Conseil européen. Là encore, certains auteurs en on conclu à tort que le Groupe de Bilderberg était le « faiseur de roi ».

En réalité, le président de l’Union européenne ne pouvait pas être choisi en dehors des cercles de l’OTAN, puisque —rappelons-le— l’Union européenne est issue des clauses secrètes du Plan Marshall. Et ce choix devait être avalisé par les États membres. Ce type de décision nécessite de longues négociations et ne se prend pas lors d’un dîner entre amis.

Toujours selon notre source, le président du Groupe de Bilderberg, Étienne Davignon, a convoqué ce dîner exceptionnel pour présenter van Rompuy à ses relais d’influence. La chose était d’autant plus indispensable que la première personnalité à occuper la nouvelle fonction de président de l’Union était totalement inconnue en dehors de son pays. Au cours du repas, M. Van Rompuy a exposé son programme de création d’un impôt européen pour financer directement les institutions de l’Union sans passer par les États membres. Il restait aux Bilderbergers à clamer partout où ils le pouvaient qu’ils connaissent Herman von Rompuy et attestent de ses qualités pour présider l’Union.

La réalité du Groupe de Bilderberg est donc moins romantique que certains auteurs à succès l’ont imaginée. L’incroyable déploiement de forces militaires pour assurer sa sécurité n’a pas tant pour objet de le protéger que d’impressionner ceux qui y participent. Il ne manifeste pas leur puissance, mais leur montre que la seule vraie puissance en Occident, c’est l’OTAN. Libre à eux de la soutenir et d’être appuyés par elle, ou de la combattre et d’être inexorablement écrasés.

En outre, bien que le Groupe de Bilderberg ait développé à ses débuts une rhétorique anti-communiste, il n’était pas tourné contre l’URSS et n’est pas aujourd’hui tourné contre la Russie. Il suit la stratégie de l’Alliance qui n’est pas un Pacte contre Moscou, mais pour la défense —et éventuellement l’extension— de la zone d’influence de Washington. À sa création, l’OTAN avait espéré intégrer l’Union soviétique, ce qui aurait équivalu à un engagement de Moscou de ne pas remettre en cause le partage du monde issu des conférences de Postdam et de Yalta. Récemment l’Alliance a accueilli le président Dmitry Medvedev au sommet de Lisbonne et lui a proposé que la Russie se joigne à elle. Il ne s’agirait pas alors d’une vassalisation, mais de la reconnaissance du Nouvel Ordre Mondial, dans lequel toute l’Europe centrale et orientale est passée dans l’orbite états-unienne. Une adhésion russe vaudrait en quelque sorte traité de paix : Moscou reconnaitrait sa défaite dans la Guerre froide et le nouveau partage du monde.

Dans ce cas, le Groupe de Bilderberg inviterait des personnalités russes à ses réunions annuelles. Il ne leur demanderait pas d’influer l’opinion publique russe pour l’américaniser, mais pour la convaincre de renoncer définitivement aux rêves de grandeur du passé.

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